Covid-19 : carte de survie des esprits critiques !

17 Nov | Citoyenneté

Tous des spécialistes ?

 

 

A moins que tu ne vives au fin fond d’un no man’s land, tu n’as pu échapper aux ravages de la Covid-19 et à son époux: le confinement.

En effet, face à un virus aussi soudain et violent, les scientifiques et les responsables politiques ne peuvent qu’encourager un confinement, seule solution actuellement trouvée pour pallier à la pandémie et tenter de la ralentir en attendant, selon les autorités, un vaccin efficace et rôdé.

Pour ou contre les vaccins, d’accord ou pas avec ce confinement, la question n’est pas là. Pas de débat sur la gestion de crise sanitaire dans cet article. Pas de réponses toutes faites et plaquées non plus.

Pourquoi ? Parce-que, comme toi, les animateurs du Centre Ener’J ne veulent se positionner en experts qu’ils ne sont pas. Ni épidémiologistes, ni gestionnaires de crise au sein de l’équipe, on passe notre tour !

En revanche, on reste actif là où est notre domaine : l’information du jeune, son bien-être et son autonomie.

santé-psychologique

Comme toi, on constate une multitude d’infos et d’intox qui circulent un peu partout sur le sujet « Covid-19 ».

Particulièrement en période de crise (sanitaire, économique, attentat, remous politiques, …), on constate une forte tendance à la multiplication des informations et surtout, des désinformations.

As-tu remarqué qu’à chaque crise, soudain, naissent des experts, comme ici des médecins, des épidémiologistes, en tous genres ? Si tout citoyen a le droit d’émettre son avis, il est du devoir de chacun de rester vigilant et de garder l’esprit critique.

Comment garder l’esprit critique alors que moi-même, je n’y connais rien et ne suis pas un expert ?

Ce n’est pas évident. C’est certain. Tout d’abord, un premier réflexe (et cela est valable pour tous les sujets) est de vérifier tes sources. Plusieurs sites fiables te proposent une méthode simple pour vérifier

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Les animateurs d’éducation aux médias proposent justement quelques pistes et sites pour dénicher fake news et vérifier tes sources.

Le Centre Ener’J a aussi créé un Pearltrees (armoire virtuelle de ressources en ligne). Parmi les sujets, tu trouveras celui des Fake news en période de Covid

Avant de te faire un avis sur l’information, et pour rester vigilant, pose-toi ces questions :

Qui parle ? Au nom de qui ou de quoi ? Est-ce un porte-parole ? Un homme ou une femme politique qui travaille donc pour un parti ? Est-ce un agent de communication ? Un passant en rue ? -> La personne interviewée a-t-elle un intérêt ou une relation privilégiée avec une des parties du problème ?

Quel est l’intérêt de la personne ? A-t-elle un parti pris dans l’histoire ? Est-elle remise en cause ? Cherche-t-elle à noyer le poisson ou à protéger ses intérêts?

Comment parle la personne ? Emploie-t-elle un langage flou, « soporifique » ou à mi-chemin entre « ça veut tout dire et rien à la fois ». C’est ce qu’on appelle la Novlangue, soit l’emploi de mots et de tournures de phrases fourre-tout et qui, retournées peuvent vouloir dire tout autre chose, il s’agit d’un outil fortement utilisé en entreprise et en politique. Par exemple parler de « restructuration », pour ne pas parler de « licenciement », ça te dit quelque chose ?

Tous confinés, tous fragilisés 

 

Pour commencer, vivre confiné n’est clairement pas le zénith du bien-être, on est d’accord. A savoir que la première vague de confinement a connu un « boum » des demandes d’aides et de soutiens psychologiques, en cause, les décompensations psychiques et psychologiques des patients généralement suivis mais privés de consultation, ou simplement, des citoyens dépassés par l’anxiété face à la crise sanitaire.

Chaque cas est différent, autant que chaque personne a des besoins spécifiques.

Selon Olivier Luminet, psychologue de la santé à l’UCLouvain :

« De manière générale, on a pu observer, lors du premier confinement, une hausse des problèmes mentaux, les troubles anxieux, notamment. Mais le danger supplémentaire auquel on fait face aujourd’hui, c’est que les gens se souviennent  de ce premier épisode. À l’époque, il y avait eu une mobilisation importante face au danger. Ici la population a déjà perdu beaucoup de son énergie. Beaucoup sont entraînés dans cette deuxième vague sans avoir pu recharger leurs batteries. Les gens sont beaucoup moins armés pour faire face, il y a un réel danger d’accumulation. » (1)

Une accumulation. On parle bien ici de ce qui s’ajoute, de ce qui vient renforcer un état déjà existant,… Il y a, selon L’Echo, un raz-le-bol qui est perceptible

« difficultés à accepter de perdre certaines libertés, montée en puissance des théories complotistes, défiance face aux informations. » (2)

Ce raz-le-bol, allié à un isolement relatif, à un mal-être éventuel, à une décompensation, à un climat anxiogène, à un accès quasi permanent aux sources d’informations (et de désinformations), engendre malgré lui un terreau plus propice à la manipulation, et surtout, à la manipulation de masse. La désinformation s’invite chez nous, si on ne prête pas attention à ses bruits de bottes…ou plutôt de pantoufles.

 

Théorie du complot et réponses faciles

La montée en puissance des théories complotistes est une « habitude facile» des sociétés en crise. Face à l’inexpliquable, et à la peur que ça peut engendrer, il est toujours facile et « réconfortant » de créer des réponses, quitte à ce qu’elles soient lisses, toutes faites et surtout infondées, ou fondées partiellement sur des faits.

Certaines personnes, face au doute, face à ce qui n’est pas figé dans le marbre, face à la peur, réagissent en voulant à la fois se conforter dans des théories qui leur sont propres (ou lues au détour d’un site web amateur) et surtout, embrigader de « nouveaux fidèles » adhérents à leurs théories aussi surréalistes que (très souvent) partiellement fondées sur des faits, retirés de leur contexte. Convaincre d’autres, pour se rassurer sur sa propre théorie.

A savoir que la plupart des adeptes de la théorie du complot n’ont même pas conscience des raccourcis qu’ils font. Ils sont les premiers à y croire. Si y croire est leur droit, ton devoir en tant que citoyen responsable et critique, est « d’aller plus loin », et de ne pas rester otage de vérités toutes faites, scandées par des « experts auto proclamés ».

Sauf si tu préfères être la proie des manipulations, ce qui est tout à fait ton droit.

N’oublie pas, on a le droit, et il est normal, de ne pas forcément se positionner sur un sujet, « je ne sais pas, mais je fais en sorte de me renseigner » n’est-elle pas la réponse la plus intellectuellement honnête et in fine, la plus pertinente ?

Éveiller son esprit, vivre ses doutes, écouter ses peurs, entendre ses questionnements, ouvrir son « champ d’apprentissage » est un sport ! Ton cerveau, tel un muscle a besoin d’être sollicité, drainé, …

Réfléchir, ça s’apprend, et comme un bon pédagogue ne montre jamais à l’étudiant l’objet qu’il doit voir, mais plutôt la direction : je t’invite à découvrir les capsules philosophiques de Pascale Seyes.

Une dame intelligente, claire et qui vulgarise avec brio les questions philosophiques, se jouant des références, jonglant avec les fables et les événements d’actualité. Elle soulève des questions, propose des pistes, mais ne donne jamais une réponse figée.

Mais ça, c’est moi qui le dit, alors, pour te faire ta propre opinion, voici en cadeau une réflexion sur la rumeur et la communication positive : L’épreuve des trois tamis de Socrate :

Un jour, quelqu’un vint voir Socrate et lui dit :
– Ecoute Socrate, il faut que je te raconte comment ton ami s’est conduit.
– Arrête ! Interrompit l’homme sage. As tu passé ce que tu as à me dire à travers les trois tamis ?
– Trois tamis ? dit l’autre, empli d’étonnement.
– Oui, mon bon ami : trois tamis. Examinons si ce que tu a as à me dire peut passer par les trois tamis. Le premier est de celui de la Vérité. As tu contrôlé si ce que tu as à me dire est vrai ?
– Non; je l’ai entendu raconter, et …
– Bien, bien. Mais assurément, tu l’as fait passer à travers le deuxième tamis. C’est celui de la Bonté. Ce que tu veux me dire, si ce n’est pas tout à fait vrai, est-ce au moins quelque chose de bon ?
Hésitant, l’autre répondit : non, ce n’est pas quelque chose de bon, au contraire …
– Hum, dit le Sage, essayons de nous servir du troisième tamis, et voyons s’il est utile de me raconter ce que tu as à me dire …
– Utile ? Pas précisément.
– Eh bien, dit Socrate en souriant, si ce que tu as à me dire n’est ni vrai, ni bon, ni utile, je préfère ne pas le savoir, et quant à toi, je te conseille de l’oublier …

Et toi, tu en penses quoi ?

 

ANNEXE Lexique :

  • Information : Action d’informer quelqu’un, un groupe, de le tenir au courant des événements : La presse est un moyen d’information.
  • Indication, renseignement, précision que l’on donne ou que l’on obtient sur quelqu’un ou quelque chose : Manquer d’informations sur les causes d’un accident. (Abréviation familière : info.)
  • Tout événement, tout fait, tout jugement porté à la connaissance d’un public plus ou moins large, sous forme d’images, de textes, de discours, de sons. (Abréviation familière : info.) »

 

Désinformation : « action de désinformer. »

Désinformer :

  • « Utiliser les médias pour faire passer un message susceptible de tromper ou d’influencer l’opinion publique. »

Dictionnaire en ligne Larousse, consulté le 17 novembre 2020

1 ) L’Echo du 16 octobre 2020, propos recueillis par Nathalie Bamps
2 ) L’Echo du 16 octobre 2020, propos recueillis par Nathalie Bamps

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